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  • Galerie L'Entrée des Artistes

Arles à Paris et la Galerie L'Entrée des Artistes - Interview des Galeristes

Dernière mise à jour : 16 sept. 2020


Pouvez-vous nous présenter votre galerie et son état d'esprit, sa ligne directrice ?


La philosophie de la « L’Entrée des Artistes » tient en trois (petits) mots : partager, partager et encore partager ! Partager le travail des artistes qui est un émerveillement renouvelé ainsi que leur combat intérieur, leur persévérance, leur démesure, leurs enchantements plus que jamais nécessaires par les temps qui courent ; partager notre passion pour l’art puisque la galerie est le fruit d’un rêve fou de deux passionnés ; partager avec une gourmandise renouvelée l’émotion du public et des amateurs à la recherche de cette magie primitive qui nous dénude l’âme devant une œuvre qui nous touche.

Proposer, provoquer, éblouir, interroger sans considération de frontières en faisant dialoguer les arts est notre exquise mission. Ce que résume assez bien cette réplique de Louis Jouvet : « Mettre de l’art dans sa vie et de la vie dans son art ». En effet, quel plaisir d’assister à la vie de ces œuvres qui se poursuit sans leurs créateurs dans l’œil curieux des spectateurs car le coup de cœur et la soif de découvertes sont les maîtres mots de notre ambition.


Pourquoi avoir participé au festival Arles à Paris ? Qu'en retenez-vous ?


Dans une période où les désirs d’évasion sont trop longtemps restés confinés, on s’interroge : mais où sont passées nos rêves ? Avec un brin de mystère, l’obscure Héraclite nous met sur la voix : «L’homme qui dort construit l’univers ». Je rêve donc je suis en quelque sorte...Alors qu’en est-il des songes du photographe ? Les Rencontres d’Arles fondées en 1970 par le photographe Lucien Clergue, l’écrivain Michel Tournier et l’historien Jean-Maurice Rouquette. ont toujours le mérite par le foisonnement proposé, par la diversité des parcours, par l’éveil des curiosités et l’ouverture à l’autre, de libérer les imaginaires et de rêver l’avenir de la création photographique. Il était donc trop douloureux de se priver du dynamisme et de la vitalité de ce haut lieu de la photographie contemporaine

Alors si cet été le mistral a fait vivre cette philosophie née en terre arlésienne dans la capitale c’est avant tout dans un élan de fraternité et de solidarité envers les artistes qui ressourcent nos imaginaires. Il est en effet des chimères photographiques nées au plus profond de la chambre noire de l’âme qui forment des odyssées sensibles, capables d’habiter si poétiquement nos rétines qu’elles éveillent dans nos cœurs ces élans de libertés, frêles et fugaces fragments d’audaces sur lesquels nous bâtissons nos devenirs. La Galerie l’Entrée des Artistes a donc été absolument ravie de participer à la réussite du festival Arles à Paris avec l’exposition « Somewhere » pour continuer à rêver le monde et de joindre nos forces avec nos consœurs pour que vive la photographie contemporaine.

Cela a été un véritable plaisir de faire découvrir les œuvres de Stéphane Mahé, de Valérie Simonnet et de Daniel George – qui tous à leur manière s’évadent de la réalité pour questionner avec poésie les rapports de l’humain et de son univers - à de nouveaux visiteurs et d’échanger avec eux sur leurs préférences, leurs enthousiasmes, dans le parcours. Cela a permis de discuter longuement avec certain d’entre eux sur telle ou telle exposition. Ces conversations étaient passionnantes et ont pu nourrir d’intéressantes réflexions sur le devenir de la photo. Parfois, surtout dans les circonstances actuelles, on n’ose se déplacer pour découvrir une galerie, une exposition. La flexibilité offerte par la mise en place d’un parcours, son caractère ludique sans début ni fin, la liberté de construire son propre déroulé, change la donne ! Il est aussi plus facile de passer la porte de la galerie toujours perçue à grand tort comme un lieu élitiste alors qu’il s’agit toujours d’une invitation à la découverte , à consommer sans modération avec le plus grand nombre.



Pourquoi avoir choisi cet/cette/ces artistes photographes ?



Nous choisissons nos artistes au coup de cœur ! Il n’y aucune exception à cette règle qui est la seule que nous nous sommes imposée lorsque nous avons créé la galerie. L’exposition « Somwhere » se voulait une invitation au songe avec comme sous-titre, « je photographie donc je rêve » ! La découverte du travail de Stéphane Mahé nous a mis face à un constat imparable : il est des poètes contrariés qui deviennent photographes ! En effet, quelque part, à l’ombre de la pluie qui danse, se tient un photographe qui peint le temps qui s’étire langoureusement. Loin de l’implacable métronome de l’éphémère, il nous propose ces ciels tendrement fanés sur lesquels naissent les rêves. Ce grain si particulier fait le cœur vivant de l’image, poème somptueusement mélancolique, qui nous rappelle ces moments fragiles d’infimes bonheurs sur lesquels plane toujours l’ombre du tragique.

Nous avons sollicité pour l’accompagner dans cette « rêverie » Valérie Simonnet et son univers très cinématographique, ainsi que Daniel George, jeune photographe que nous avions déjà présenté et en qui nous croyons beaucoup. Leurs points de vue sont assez différents mais complémentaires. En effet, à la découverte des œuvres de Valérie Simonnet, on pense à une ivresse de l’imagination. Elle possède ce don de nous immerger immédiatement dans ses créations qui se vivent comme de courts métrages à l’atmosphère très « lynchéenne » où tout peut basculer d’un moment à l’autre, se rompre, s’évanouir. Quant à Daniel George, la lumière du noir et blanc est sa seule réalité. Il nous propose des charades visuelles prises sur le vif comme pour sauver ces étincelles de vie qui parsèment nos quotidiens et qui ne seront plus, éteintes à jamais. Par un petit détail saisit à l’envolée, son image rentre dans nos cœurs pour y déployer toute son humanité.

Comment voyez-vous la suite dans cette période particulière ?


L’évènement Arles à Paris a démontré l’importance de la solidarité avec toujours cette nécessité de faire trait d’union entre les disciplines, de construire des ponts, de croiser les activités et l’intérêt des parcours. Les visiteurs, en toute sécurité, peuvent se laisser guider dans un parcours artistique et faire des découvertes tandis que les galeries, avec la disponibilité nécessaire, peuvent prendre le relais et faire œuvre de pédagogie artistique. Avec une démarche didactique envers le visiteur, lui faire découvrir de jeunes artistes en devenir et l’entraîner dans les sentiers de l’art.

Au-delà, Arles à Paris a prouvé l’appétit du public pour la photographie contemporaine qui n’est pas soutenue à sa juste valeur dans la capitale au regard de son histoire et de son potentiel. La ville lumière semble en effet parfois trop timide à mettre en avant un patrimoine photographique qui a pourtant fait sa gloire. Mais l’aventure continue ! Par exemple, avec notre prochaine exposition « Dans mon cœur j’ai regardé, une odyssée intime » présentée à la galerie à partir du 9 septembre prochain dans le cadre du mois de la photographie instantanée « Expolaroid ». Le public pourra y découvrir les travaux sensibles et sensuels des artistes photographes Liliroze, Françoise Hillemand et CecilB avec, pourquoi pas, un sous-titre emprunté à Matisse : Luxe, calme et volupté. Un splendide programme pour cette rentrée !

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